Fin de l’action en détention pour le Genepi : une ère nouvelle pour les militant.e.s

emprisonne

Le Genepi, organisation de soutien aux personnes incarcérées et engagée dans la lutte contre les inégalités inhérentes au système carcéral, a annoncé récemment la fin de son action en détention. Décryptons ensemble cette décision et ses conséquences pour les militant.e.s et bénéficiaires du Genepi.

Une association historique au service des personnes détenues

Fondée en 1976, le Genepi avait pour vocation première de favoriser le lien entre les étudiant.e.s et les personnes incarcérées à travers diverses actions de sensibilisation. Au fil des années, l’association s’est développée autour d’autres thématiques tels que :

  • L’accès à la formation et à l’éducation pour les personnes détenues
  • La valorisation des parcours individuels et la lutte pour la dignité en détention
  • Le dialogue constructif avec les institutions et acteurs du milieu carcéral

Toutefois, ces dernières années, le climat politique et les contraintes imposées par l’administration pénitentiaire ont remis en question la pertinence de certaines actions menées par le Genepi.

La fin de l’action en détention : une décision complexe

Durant son assemblée générale qui a eu lieu courant septembre, les adhérent.e.s du Genepi ont pris la décision d’un commun accord de mettre fin à leurs interventions en détention. Cette décision, bien que déchirante pour les militant.e.s investi.e.s dans le soutien aux personnes incarcérées, a été prise après une longue réflexion et un constat amer :

Les conditions actuelles ne permettent plus au Genepi de mener ses actions en conformité avec ses valeurs et principes fondateurs.

Des réglementations toujours plus restrictives

En effet, ces dernières années ont vu se succéder des mesures législatives et réglementaires encadrant de manière toujours plus stricte l’intervention des associations en milieu carcéral. Le respect de la dignité et des droits fondamentaux des personnes détenues se retrouve ainsi souvent mis à mal, rendant l’action militante complexe et frustrante pour les membres du Genepi.

Un positionnement politique qui interroge

Parallèlement, le Genepi s’est interrogé sur sa capacité à maintenir un positionnement politique clair tout en nouant des partenariats avec certaines institutions carcérales. La volonté de l’association à travailler main dans la main avec les administrations pénitentiaires peut parfois être vue comme une forme de caution donnée à un système jugé profondément inégalitaire et discriminant.

Quelles conséquences pour les bénéficiaires des actions du Genepi ?

La fin des interventions en détention du Genepi signifie concrètement la cessation de toutes activités de l’association à l’intérieur des établissements pénitentiaires. Cela se traduit notamment par :

  • L’arrêt des ateliers et formations proposés aux personnes détenues;
  • La fin du soutien individuel apporté par les militant.e.s sur des parcours de réinsertion;
  • Le retrait du Genepi en tant qu’interlocuteur privilégié auprès des administrations pénitentiaires.

Cette situation soulève inévitablement des questions quant aux alternatives qui pourront être proposées aux personnes détenues, ainsi qu’à celles et ceux qui souhaitaient s’engager au sein du Genepi.

Vers un renouveau du militantisme autour de la question carcérale

Si cette décision marque indiscutablement la fin d’une ère pour le Genepi, elle souligne également la nécessité pour tous les acteurs engagés dans la lutte contre les inégalités carcérales de repenser leurs actions et leur positionnement face à un système toujours plus restrictif et discriminatoire.

Un recentrage sur le plaidoyer et la sensibilisation

Pour autant, cette dissolution ne signifie pas la disparition totale du Genepi. L’association souhaite désormais concentrer ses efforts sur des actions externes à la sphère carcérale, comme :

  1. Le développement de conférences, projections et débats autour de la thématique carcérale;
  2. La promotion de publications et d’études visant à dénoncer les inégalités et discriminations en milieu carcéral;
  3. Le travail en réseau avec d’autres organisations militantes afin de mutualiser les ressources et compétences.

Un appel aux autres acteurs associatifs

Ce repositionnement du Genepi amène également un besoin accru de mobilisation des autres acteurs associatifs, dont le rôle et la responsabilité dans le combat pour l’égalité et la dignité des personnes incarcérées n’ont jamais été aussi importants. En effet, ils sont amenés à prendre le relais pour :

  • Compenser l’absence des actions du Genepi en détention ;
  • Maintenir un lien social et culturel entre les personnes incarcérées et la société civile;
  • Favoriser une réflexion collective sur la place de la prison dans nos sociétés et sur les alternatives possibles à l’enfermement.

Malgré la fin de son action en détention, le Genepi, avec la solidarité et l’engagement de ses militant.e.s, continue d’être un acteur important dans la lutte pour un système carcéral plus juste et équitable.