Les discriminations envers les personnes transgenres sont malheureusement une réalité de notre société. Dans le milieu carcéral, ces discriminations prennent une tournure encore plus inquiétante et dangereuse. Les détenues transgenres femme à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis font face à des situations humiliantes et intolérables, mettant en jeu leur dignité et leur intégrité physique.
Détention des femmes transgenres en milieu masculin : un non-sens aux conséquences dramatiques
Actuellement en France, les femmes transgenres incarcérées sont souvent placées dans les prisons pour hommes. Ceci est lié au sexe mentionné sur leurs documents d’identité, qui ne prend pas toujours en compte leur transition. Cette politique pénale engendre des risques accrus pour les femmes transgenres détenues.
Violences verbales et physiques
Les femmes transgenres détenues dans les centres pour hommes sont régulièrement victimes de violences verbales et physiques de la part d’autres détenus. Ces agressions peuvent aller du harcèlement au viol, en passant par des altercations violentes.
ISOLEMENT ET PRIVATION DE SOINS MÉDICAUX
Pour se protéger des agressions, certaines détenues transgenres demandent leur placement à l’isolement. Or, cette mesure de protection peut mener à une détérioration de leur état psychologique. De plus, les soins médicaux spécifiques pour les personnes transgenres ne sont pas toujours accessibles en prison, notamment pour celles qui ont entamé un processus de transition hormonale.
Un parcours difficile et complexe pour changer d’établissement
Même si la réglementation française encourage la prise en charge des personnes transgenres détenues par des établissements adaptés à leur genre, plusieurs obstacles demeurent :
- Le manque de places dans les prisons et les centres pénitentiaires pour femmes;
- Les délais de traitement des demandes administratives pour obtenir une modification du sexe sur les documents d’identité ou bien le changement d’établissement;
- L’inertie de l’administration pénitentiaire, dont certains responsables ne comprennent pas l’urgence et la nécessité de ces mesures pour les détenues transgenres.
Obligation légale vs réalité quotidienne
Malgré cette situation préoccupante, il existe un cadre légal permettant d’améliorer la prise en charge des détenues transgenres en France. Le Ministère de la Justice a publié en 2014 une recommandation invitant les établissements pénitentiaires à tenir compte de l’identité de genre des personnes détenues, de leur demande de changement de prénom et de leurs besoins spécifiques en matière de santé. Néanmoins, force est de constater que la mise en pratique de cette recommandation est encore très insuffisante.
Des solutions pour offrir une meilleure prise en charge des détenues transgenres
Mettre fin à la transphobie pénitentiaire et garantir un environnement sécuritaire et respectueux pour les femmes transgenres incarcérées nécessite d’agir sur plusieurs fronts :
- Adopter une politique de placement des personnes détenues basée sur leur identité de genre, plutôt que sur leur sexe mentionné sur leurs documents d’état civil.
- Sensibiliser les personnels des établissements pénitentiaires aux problématiques spécifiques rencontrées par les détenues transgenres.
- Favoriser l’accès aux soins médicaux adaptés (suivi hormonal, opérations chirurgicales, soutien psychologique…).
- Développer des mécanismes de protection et de prévention des violences et discriminations intra-pénitentiaires envers les femmes transgenres, comme encourager le signalement des incidents et sanctionner avec fermeté les agresseurs.
- Repenser la prise en charge globale des détenues transgenres : faciliter le changement de prénom et la modification du sexe sur les documents d’identité, simplifier les demandes de transfert dans des prisons mieux adaptées.
- Accompagner la réinsertion des femmes transgenres sortant de prison, en luttant contre les discriminations à l’emploi et en leur offrant un soutien pour reconstruire leur vie.
La prise en charge des détenues transgenres à Fleury-Mérogis ne peut plus être envisagée comme une simple question de gestion pénitentiaire. Il s’agit avant tout d’un enjeu sociétal et politique, qui mérite une attention urgente. Les femmes transgenres doivent bénéficier des mêmes droits, du même respect et d’un traitement équitable et adapté quel que soit le milieu dans lequel elles se trouvent.
